Nickisch Walder Architekten en conversation avec Olivia Funes Lastra
Architectures minuscules entre jeu et survie
Conférence en anglais, donnée dans la salle commune.
Cycle de quatre rencontres organisées par le LéaV-Ensa Versailles, la Cité internationale des arts et le CCS. Sous la direction de Claire Hoffmann et Annalisa Viati Navone.
Le dialogue entre les architectes Georg Nickisch & Selina Walder et l’artiste Olivia Funes Lastra, modéré par Charlotte Poupon (designer et chercheuse au LéaV ÉNSA Versailles et directrice des enseignements et de la recherche à L’ENSCI), vise à croiser ces différents regards et sensibilités à l’œuvre dans le projet d’un chez-soi qui se qualifie de refuge temporaire dans des lieux extrêmes, que ce soit le désert ou les cimes enneigés en haute altitude, et à découvrir avec les créateurs-architectes et l’usagère-artiste les qualités cachées et surprenantes de leurs intérieurs.
La pratique d’Olivia Funes Lastra tente de trouver les analogies possibles entre langue, mémoire et architecture dans l’expérience du déplacement géographique et linguistique. Elle utilise des couleurs vives et des tissus peints pour assembler des architectures éphémères et nomades issues de sa propre mémoire des lieux et langues habités. Ces espaces souples et colorés deviennent des espaces de jeu où elle y intègre son corps et sa voix avec d’autres à travers des lectures performés. Les textes lus à voix haute, sont conçus grâce au mouvement même de la traduction.
Si l’on voulait indiquer quelques mots clés, condensation, variation, mouvement, apparaîtraient comme les nœuds de ce fil rouge reliant les architectures éphémères d’Olivia Funes Lastra aux réflexions de l’atelier Nickisch Walder Architekten à l’origine de deux réalisations. Le Refuge Lieptgas (2012) à Flims qui se présente comme l’idéogramme de la maison élémentaire, une sorte de cabane englobant une structure préexistante servant autrefois d’abri pour les paysans, un objet monolithique “brut”, réduit à l’essentiel, et le Camp de base du Cervin constitué de 25 petits refuges qui répondent, dans la forme et la double structure, au principe de la tente traditionnelle. Leur disposition ludique dans le paysage, comme des pliages d’origami, joue avec la légèreté suggérée par la forme et la petite dimension des abris revêtus à l’extérieur par une coque en aluminium qui renvoie les moindres variations de la lumière, alors que l’intérieur, enveloppé dans un tissu imperméable, tout comme les petites maisons d’Iférouan se distinguaient par l’élégance de la décoration en tissus colorés, condense l’ambiance d’un dedans-matrice et utérin, où se blottir dans une situation de confinement, pour la durée d’une nuit.
éléments biographiques
Nickisch Walder Architekten
Selina Walder (1976) est architecte diplômée de l’Accademia di architettura de Mendrisio sous la direction de Valerio Olgiati dont elle a été l’assistante de 2004 à 2006 dans l’atelier de projet. Elle a été commissaire de l’exposition Elle “DADO – gebaut und bewohnt von Valerio Olgiati und Rudolf Olgiati” qui a eu lieu à la Gelbe Haus à Flims.
Georg Nickisch (1977) est également architecte diplômé de l’Accademia di architettura de Mendrisio dans l’atelier de Peter Zumthor. Ensuite il a travaillé à la même école comme assistant de Jonathan Sergison et a enseigné dans le rôle de Professeur invité à la Haute école d’art et de design di Genève (HEAD).
En 2005 ils fondent le bureau d’architecture Nickisch Walder Architekten à Flims, dans les Grisons. Ils s’intéressent aux bâtiments et constructions authentiques anciens ayant une forte présence tectonique, qui font l’objet de rénovations et transformations, comme le Réfuge Lieptgas (2012) qui fonctionne de porte d’entrée au foret autour de Flims. Ils expériment des constructions hybrides béton-bois pour réaliser des espaces intérieurs très flexibles ou s’alternent des sentiments d’extraversion et d’introversion par rapport au paysage, comme dans la maison bi-familiale Sulten à Flims (2013-2019). Ils ont exploré la toute petite dimension du chez soi dans le « Matterhorn Base Camp » (2014) constitué de 25 refuges à forme de tente situés sur le sommet du Cervin. En 2017, le projet de rénovation d’un bâtiment scolaire du XIXè siècle, situé à Valendas dans les Grisons, transformé en centre d’accueil pour les visiteurs du parc de Beverin a reçu le prix SIA Umsicht - Regards - Sguardi.
Adriana Beretta
Adriana Beretta (1950) vit et travaille à Bellinzona (Canton Tessin, Suisse). A travers plusieurs langages et techniques, elle expérimente le voyage comme méthode poétique : pour elle, il ne s’agit pas d’une recherche de dépaysement mais d’un séjour prolongé dans un lieu ; elle en saisit l’esprit en partageant la vie quotidienne des habitants souvent dans leurs maisons et, à son retour, le travail en atelier inscrit ces expériences dans son parcours artistique où l’observation et le souvenir sont entremêlés. Après un premier bref séjour au Niger en 1996, elle retourne à plusieurs reprises, de 1998 à 2002, dans l’oasis d’Iférouane, situé dans le massif de l’Aïr au Sahara nigérien. Elle y vit et travaille auprès des habitants et s’imprègne de la culture touareg. C’est là qu’elle initie une réflexion sur les Architectures minuscules qu’elle a muri durant le confinement en 2020 et qu’elle a présenté en 2021 au sein de l’exposition Architetture minuscole. Progetti e piccoli aggiustamenti (Architecture minuscules. Projets et petits ajustements) à la Fondazione d’Arte Erich Lindenberg (Porza, Canton Tessin).
Olivia Funes Lastra
Artiste de Buenos Aires, Olivia Funes Lastra sort diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy en 2020. Elle poursuit sa formation avec le master Programa de Artistas de l’Universidad Torcuato Di Tella en 2021. Ses oeuvres sont transdisciplinaires, mêlant l’installation, la vidéo, le texte et la performance. Elle crée des espaces transitoires qui mutent en espaces de jeu dans lesquels elle recherche des analogies possibles entre langage, mémoire et architecture. Son travail s’est déployé dans des expositions collectives à la fois dans des institutions et des espaces indépendants tels que Satélite en 2021, le FRAC Picardie en 2022, l´Institut Français de Madrid en 2023. Elle fait partie des artistes invité.es à l’édition 2024 de la Biennale de Lyon.
Charlotte Poupon
Journaliste professionnelle pendant 10 ans, Charlotte s’est tournée vers la création industrielle en intégrant l’ENSCi-Les Ateliers en 2008. Diplômée en 2013, elle a poursuivi son sujet de master par un doctorat en esthétique avec une codirection en neurosciences pour travailler sur la sensorialité des individus en situation de confinement. Elle a ensuite rejoint l’Ecole Camondo, où elle a été enseignante pendant 7 ans (en cours, projets et mémoires), et également directrice pédagogique pendant 4 ans. Elle est aujourd’hui de retour à l’ENSCi en tant que directrice des enseignements et de la recherche. Ses recherches personnelles me font toujours tutoyer les étoiles, puisque, depuis ma thèse, je maintiens une veille active sur l’exploration spatiale habitée. L’ambition étant de convoquer le design dans les équipes transdisciplinaires qui dessinent les contours des futurs vols spatiaux de longue durée, notamment dans (1) la prise en compte des envies et besoins humains et (2) la conception de contremesures destinées à prendre en charge le stress adaptatif inhérent à ces missions en environnements extrêmes et inhabituels, isolés et confinés.
Partenaires
![](https://media.ccsparis.com/87110/1_-_pastille_noirz.png)
![](https://media.ccsparis.com/87110/logo-leav-cmjn-noir.png)