Jean-Jacques Langendorf, Claude Frochaux & Anne-Marie Jaton
Bourlingueurs littéraires
Ces retrouvailles en public de deux bourlingueurs de la pensée seront arbitrées par Anne Marie Jaton, professeur de littérature française à la Faculté des Lettres de l'Université de Pise, auteur d'essais consacrés notamment à Cendrars, Queneau et Jacques Chessex.
Jean-Jacques Langendorf, né en 1938 en Haute-Savoie d'un père émigré allemand et d'une mère suisse, passe son enfance à Genève auprès du chef d'orchestre Ernest Ansermet. Après des études en Allemagne, à Lausanne et en Tunisie, il parcourt le Proche Orient dans tous les sens, se livrant à des travaux d'archéologie. Par la suite il résidera tour à tour en Italie, à Vienne et à Chypre puis à nouveau en Autriche, où il se trouve actuellement. Il est l'auteur de romans, dont le dernier, "La Nuit tombe, Dieu regarde" (éditions Zoé, 2000) a obtenu le prix Dentan et le prix Schiller, de nombreux ouvrages d'histoire militaire et d'histoire tout court ainsi que d'une biographie d'Ernest Ansermet. À la fin des années cinquante, Langendorf rencontre Claude Frochaux dans une librairie de Genève. Tous deux, aussitôt, décident de partir au Proche Orient sur les traces de T. E. Lawrence, qu'ils idolâtrent. De retour, l'anarchisme les happe. À la suite d'un attentat contre le consulat d'Espagne à Genève (1959), ils sont arrêtés et passent en cour d'assises où ils sont condamnés avec sursis. Devenu éditeur, Frochaux publie les premiers romans et nouvelles de Langendorf. Dans les années soixante-dix, ce dernier trouve son chemin de Damas et s'oriente vers d'autres horizons politiques. Quant à Frochaux (qui s'est joint dès leur fondation en 1968 aux éditions de L'Age d'Homme), il est l'auteur de récits, d'une pièce de théâtre et dernièrement d'un essai, "L'Homme seul" (1997), somme qui parcourt l'histoire de la culture à partir d'un constat pessimiste : «La littérature est en train de perdre sa raison d'être. Le discours s'est objectivé, l'explication du monde est devenue plus scientifique, la magie du langage n'opère plus.»