Concert en hommage à Raffaele d'Alessandro (1911-1959)
Avec : Raymond Meylan (flûte), Philippe Racine (flûte), Michel Rosset (hautbois), Stéphane Reymond (piano)
Raffaele d'Alessandro (1911-1959): Originaire des Grisons, né à Saint-Gall d'une mère suisse et d'un père italien, comptable et musicien amateur, formé à Crémone à la fin du XIXe siècle dans le style d'Amilcare Ponchielli, Raffaele d'Alessandro fut remarqué dès l'enfance par des instituteurs et des organistes, plutôt que par son père. Il fit ses études musicales grâce à l'appui de quelques mécènes à Zurich (Victor Schlatter), puis à Paris, où il eut pour maîtres Paul Roës, un élève de Ferruccio Busoni (piano), Charles Tournemire et Marcel Dupré (orgue), et surtout Nadia Boulanger (contrepoint). Au début de la guerre, il s'établit à Lausanne où des amis, qui n'étaient pas toujours des musiciens, l'aidèrent à vivre en ne faisant que de la musique, c'est-à-dire des concerts et surtout de la composition. Voici quelques jugements, datant de 1951, sur son œuvre:
«Germanique dans son fond, latine par la clarté de la forme, la musique d'Alessandro fait penser à celle d'un Albert Roussel par la nature un peu rétive, farouche et concentrée de son expression. Son langage est d'une âpre saveur, mais un tempérament fier, passionné, voire lyrique transparaît avec force au travers de ces broussailles.» (Henri Gagnebin)
«Je tiens Raffaele d'Alessandro pour un des musiciens les plus complets de notre génération. Il n'est pas seulement un pianiste racé, sensible et vigoureux, un organiste remarquable, mais aussi - et surtout - un créateur d'une puissance et d'une richesse d'inspiration indubitables. » (Dinu Lipatti)
D'Alessandro s'est défini lui-même dans des entretiens avec Henri Jaccard (Initiation à la musique contemporaine, Lausanne, s.d. mais après 1955) en parlant de ses auteurs préférés: «Mozart en tout premier, Mozart le maltraité, l'incompris, l'adultéré et pourtant si simple, si vrai, si naturel, si humain et si courageux ! Mozart chez qui le soleil finit toujours par briller ! Mozart, qui a un sens infaillible de l'instrumentation ! Mozart, qui ne fait pas de philosophie, pas même dans sa dernière Cantate maçonnique, mais simplement et toujours de la musique. Parmi les compositeurs de notre temps, c'est Stravinsky que j'admire le plus en raison de ses possibilités infinies d'écriture et de sa virtuosité. Et Frank Martin pour les mêmes raisons qui me font aimer Mozart. J'aime en effet chez Frank Martin la profonde humanité de son message. Mais, mis à part des compositions à spéculations desséchantes, je trouve des oeuvres à aimer chez presque tous les auteurs contemporains, chez Roussel, par exemple, chez Honegger, chez Hindemith, chez Constantin Regamey, chez Willy Burkhard… Mais Mozart… Mozart, qui comme Bach, a ouvert le chemin des harmonies les plus audacieuses…» Raffaele d'Alessandro est mort à Lausanne, d'une rupture de l'aorte, en 1959.
Texte : Raymond Meylan, président de l'Association Raffaele d'Alessandro, Lausanne