Jean-Marc Lovay en Afghanistan, 1968 / Photo : D.R.

Jean-Marc Lovay

Aucun de mes os ne sera troué pour servir de flûte enchantée

Rencontre avec Jean-Marc Lovay - présentation : Jérôme Meizoz - lecteur : Arnaud Bédouet

À l'occasion de la sortie de son dernier roman au éditions Zoé - soirée en présence des éditeurs de Jean-Marc Lovay: Marlyse Pietri, (Éditions Zoé), et Bernard Wallet, (Éditions Verticales).
"Aucun de mes os ne sera troué pour servir de flûte enchantée" : tel est le titre du dernier roman de Lovay que l'auteur présentera, à l'occasion de "Lire en fête", au public du Centre Culturel Suisse et qu'Isabelle Rüf (Radio Suisse romande) résume ainsi: «Le facteur Frenchy qui veille sur les ruines du Palais Postal et son employé bénévole, l'Occasion, sont-ils des créatures de cauchemar, des allégories, des figures évadées d'un tableau de Jérôme Bosch? L'auteur ne donne pas de clefs. D'ailleurs, qu'y aurait-il à ouvrir dans ce monde où tout bascule, le ciel et la terre, la vie et la mort, la douleur et la jouissance, l'identité sexuelle, l'animal, l'humain et le végétal? L'univers de Jean-Marc Lovay est d'une étrangeté radicale. Il faut admettre de le suivre dans le contour des pleurs, jusqu'au tunnel du Bel Enfant. Renoncer à tout fil narratif résumable. Supporter qu'on joue du canard comme d'une cornemuse, que les sentiments soient des objets qu'on peut suspendre aux arbres et que les choses aient des sentiments. Il faut laisser toute idée préconçue et se laisser éblouir par les miroirs trompeurs, les ciels inversés, la phrase envoûtante, la magie du verbe et la noirceur du propos. Beaucoup y sont réfractaires. Ce n'est pas que Lovay soit un auteur élitaire. Ce qu'il dit est simple et sombre: notre monde est fini et c'est nous qui l'avont détruit, la violence régit les rapports entre les êtres et la nature n'est pas une mère accueillante mais elle crève aussi. Pour apprécier cette prose, il faut l'aborder comme de la poésie, se laisser porter par son rythme et s'y glisser pour un voyage initiatique en abandonnant ses habitudes mentales.»

Au centre de l'œuvre de Lovay, une seule certitude: nommer ne suffit pas pour connaître. Le langage, censé décrire le monde, ordonne ce dernier comme des noix sur un bâton. Le lecteur progresse alors dans un espace où les points de repère s'effacent au fur et à mesure, où le sens se dérobe, où les objets (hors d'usage, récalcitrants), les êtres (égarés) et les mots échappent à leur fonction, précipitant l'action dans de vertigineuses impasses. Le récit, truffé d'indices inutiles et trompeurs, de fausses pistes et de juxtapositions saugrenues, ne cesse de se distraire en chemin et s'enlise dans des argumentations retorses, en une célébration onirique et tendre des conditions de notre propre passage sur terre.

Voir une interview de Jean-Marc Lovay sur le site des archives de la RTS.

Jean-Marc Lovay en Afghanistan, 1968 / Photo : D.R.

Jean-Marc Lovay en Afghanistan, 1968 / Photo : D.R.

— © Centre culturel suisse. On Tour