Delphine Reist
VRAC MULTIVRAC
À travers ses œuvres qui empruntent aux objets de notre quotidien, Delphine Reist montre la continuité entre les représentations des mondes industriels et domestiques, en soulignant leurs matérialités, leurs porosités et leurs fragilités.
Machines, outils et consommables semblent ne plus avoir besoin de nous. Ils se dressent, s’automatisent et s’inventent de nouvelles fonctions révélant un monde absurde et surprenant. Des appareils électroportatifs s’animent soudainement, un ballet circulaire de chaises à roulettes imprime ses marques au sol tandis que des seaux de béton renversés figent l’accident d’une chaine de travail à l’arrêt. Dans la halle industrielle du Frac, qui abritait autrefois les Chantiers navals de Dunkerque, un puissant rayon lumineux balaye l’espace à intervalles réguliers. Delphine Reist a transformé le pont industriel en « scanner de bureau » surdimensionné, à l’image du basculement des économies et des emplois de l’industrie vers les services.
Ces objets, choisis pour leur caractère archétypique, témoignent des mouvements profonds qui transforment nos sociétés : la bétonisation des villes, la tertiarisation de l’économie ou encore l’épuisement des ressources. Toutefois, ils ne se muent pas en symboles. Leur simple présence suffit à projeter des représentations alternatives du travail – ses espaces, ses rythmes et ses mythes. Des bottes androgynes, une cadence déréglée, une sonnerie impromptue, une pause cigarette qui s’éternise, des odeurs lancinantes, des matières qui jaillissent ou dégoulinent…
Si l’exposition dégage une atmosphère de fin de partie, elle s’incarne particulièrement dans les traces d’huile s’infiltrant dans cet étage de bureaux, représenté par des chaises à roulettes, et qui ramènent à la réalité crue et sale des décisions prises. En contrepoint, un mur arbore les motifs aléatoires de bouteilles de vin éclatées. Un geste qui se pare du souvenir joyeux des navires baptisés du temps des chantiers navals, auquel répond l’ombre des cageots transformés en gigantesques paquebots. Les objets de Delphine Reist sont ainsi peuplés de fantômes, mais ils sont aussi métamorphosés par une mécanique à la fois érotique et burlesque qui les inscrit dans notre présent.
éléments biographiques
Delphine Reist nait 1970 à Sion (Suisse), elle vit et travaille à Genève.
Lauréate du Swiss Art Award en 2008 et du Prix de la Fondation Irène Reymond, elle a enseignée à l’ENSBA de Lyon et enseigne actuellement à la HEAD à Genève. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées : à la Galerie Lange + Pult à Zurich en 2021 et Laurent Godin à Paris en 2020, au Centre d’Art Pasquart de Bienne en 2017, au MAMCO en 2013, lors de la Biennale de Dallas en 2012, à FriArt en 2009, à Tour en 2008. Son œuvre est présente dans les collections du Centre Pompidou (Paris), l’IAC Villeurbanne, Frac Grand Large — hauts-de-France ,FRAC Occitanie (Montpellier) et FRAC Limousin ; au MAMCO ; au Musée d’art et FCAC en Valais ; Kunstmuseum Soloturn, FCAC et FMAC Genève en Suisse. Delphine Reist à bénéficié de résidences en France, Allemagne, Suisse, Italie, Suède, Arménie, Bulgarie, Estonie, Portugal, Russie, États-Unis, Chine et Japon.
Son travail est représenté par la Galerie Lange+Pult à Zurich et Laurent Godin à Paris.
PARTENAIRES
Avec le Frac Grand Large — hauts-de-France.
Avec le soutien de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, du Fonds cantonal d’art contemporain (Genève), de la Ville de Genève et du Groupe Mäder.