Delphine Reist
VRAC MULTIVRAC
Delphine Reist’s exhibition occupies a number of spaces at Frac Grand Large, beginning with the forecourt and its “necklace” of tyres. It continues along the indoor street with the installation of a production line and in Hall AP2 it resonates each time the overhead crane is set in motion. Since the closure of the shipyards, of which the Frac building is the last vestige, the port of Dunkirk’s move into bulk goods transport has made it the third largest port in France. With the title VRAC MULTIVRAC (“bulk in bulk”) Reist connects us to an economic reality which, its fluctuations aside, finds expression in materials and bodies. The artist sums up this material reality through objects and footprints sampled, displaced or repurposed.
Machines, tools and consumables no longer seem to need us. Erect and automated, they invent new functions for themselves, revealing an absurd, astonishing world in which portable electrical appliances suddenly come to life, a circular ballet of chairs on casters leaves its tracks on the floor, and overturned buckets of concrete embody an accidentally jammed production line. Chosen for their archetypal quality, these objects bear witness to the deep-rooted trends that are transforming our societies: urban concretisation, an increasingly dominant service sector and the depletion of resources. They do not become symbols, however: their mere presence is enough to project alternative representations of work – of its spaces, rhythms and myths.
Androgynous boots, a chaotic cadence, a bell ringing at random, haunting smells, dripping oil: if the exhibition sometimes gives off a game-over atmosphere, we also find in it exuberant recollections of the christening of ships, and shadowy crates morphing into gigantic liners. Delphine Reist’s objects, then, are populated by ghosts, but they are also metamorphosed by a mechanism whose blend of the erotic and the burlesque embeds them firmly in our present.
Throughout the exhibition the works are accompanied by extracts from Julie Gilbert’s book OUI. C’EST BIEN. Portrait de Delphine Reist (art&fiction, Lausanne, 2022), written during the preparation of the exhibition and available at the Frac bookshop.
This exhibition has been organised in conjunction with the Swiss Cultural Centre as part of its On Tour in Dunkirk event; and with the support of the Swiss Arts Council Pro Helvetia, the Fonds Cantonal d”Art Contemporain (Geneva), the City of Geneva, the Mäder Group and Daudruy Van Cauwenberghe & Sons.
Machines, outils et consommables semblent ne plus avoir besoin de nous. Ils se dressent, s’automatisent et s’inventent de nouvelles fonctions révélant un monde absurde et surprenant. Des appareils électroportatifs s’animent soudainement, un ballet circulaire de chaises à roulettes imprime ses marques au sol tandis que des seaux de béton renversés figent l’accident d’une chaine de travail à l’arrêt. Dans la halle industrielle du Frac, qui abritait autrefois les Chantiers navals de Dunkerque, un puissant rayon lumineux balaye l’espace à intervalles réguliers. Delphine Reist a transformé le pont industriel en « scanner de bureau » surdimensionné, à l’image du basculement des économies et des emplois de l’industrie vers les services.
Ces objets, choisis pour leur caractère archétypique, témoignent des mouvements profonds qui transforment nos sociétés : la bétonisation des villes, la tertiarisation de l’économie ou encore l’épuisement des ressources. Toutefois, ils ne se muent pas en symboles. Leur simple présence suffit à projeter des représentations alternatives du travail – ses espaces, ses rythmes et ses mythes. Des bottes androgynes, une cadence déréglée, une sonnerie impromptue, une pause cigarette qui s’éternise, des odeurs lancinantes, des matières qui jaillissent ou dégoulinent…
Si l’exposition dégage une atmosphère de fin de partie, elle s’incarne particulièrement dans les traces d’huile s’infiltrant dans cet étage de bureaux, représenté par des chaises à roulettes, et qui ramènent à la réalité crue et sale des décisions prises. En contrepoint, un mur arbore les motifs aléatoires de bouteilles de vin éclatées. Un geste qui se pare du souvenir joyeux des navires baptisés du temps des chantiers navals, auquel répond l’ombre des cageots transformés en gigantesques paquebots. Les objets de Delphine Reist sont ainsi peuplés de fantômes, mais ils sont aussi métamorphosés par une mécanique à la fois érotique et burlesque qui les inscrit dans notre présent.
éléments biographiques
Delphine Reist nait 1970 à Sion (Suisse), elle vit et travaille à Genève.
Lauréate du Swiss Art Award en 2008 et du Prix de la Fondation Irène Reymond, elle a enseignée à l’ENSBA de Lyon et enseigne actuellement à la HEAD à Genève. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées : à la Galerie Lange + Pult à Zurich en 2021 et Laurent Godin à Paris en 2020, au Centre d’Art Pasquart de Bienne en 2017, au MAMCO en 2013, lors de la Biennale de Dallas en 2012, à FriArt en 2009, à Tour en 2008. Son œuvre est présente dans les collections du Centre Pompidou (Paris), l’IAC Villeurbanne, Frac Grand Large — hauts-de-France ,FRAC Occitanie (Montpellier) et FRAC Limousin ; au MAMCO ; au Musée d’art et FCAC en Valais ; Kunstmuseum Soloturn, FCAC et FMAC Genève en Suisse. Delphine Reist à bénéficié de résidences en France, Allemagne, Suisse, Italie, Suède, Arménie, Bulgarie, Estonie, Portugal, Russie, États-Unis, Chine et Japon.
Son travail est représenté par la Galerie Lange+Pult à Zurich et Laurent Godin à Paris.
PARTENAIRES
Avec le Frac Grand Large — hauts-de-France.
Avec le soutien de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, du Fonds cantonal d’art contemporain (Genève), de la Ville de Genève et du Groupe Mäder.