À voir, lire et écouter chez vous #8

Huret / Solbach / Chateigné / Biemann / Sauvage / Semoroz / Thüring / von Zinnenburg Carroll / Lappert

Chaque semaine une sélection à voir, lire et écouter chez vous. 

Le webinaire avec l’artiste Lauren Huret et les curatrices Claire Hoffmann et Mary Ellyn Johnson à propos de ses expositions au CCS (2019) et à San Francisco (2021), lundi 9 novembre 2020 (en anglais, 18h - 19h30) - inscription  

La discussion entre Dan Solbach et Yann Chateigné à propos d’Almanach Ecart (primé aux Plus beaux livres suisses et Best Book Design from all over the World), captée au CCS en octobre 2020 - voir 

Le programme en ligne de vidéos, musiques et discussions The Sea – Sounds & Storytelling avec notamment Ursula Biemann, Tomoko Sauvage, Julie Semoroz, Lena Maria Thüring, Khadija von Zinnenburg Carroll, prolongé jusqu’au 06.12 - voir et écouter  

Le poème de Simone Lappert, blanche-neige insoumise (widerstehwittchen), écrit pour l’exposition Annemarie von Matt. je ne m’ennuie jamais, on m’ennuie au CCS - écouter en ALL et lire en FR / ALL

Simone Lappert
blanche-neige insoumise

tu t’es empilée entassée
encognée emportée contre l’ordre imposé
d’être bonne femme au foyer, escagassée
dans l’image brouillée du couple. tu avais faim
de forêt, une faim de 12 loups,
faim d’herbes bourdonnantes
loin de la meute. tu vois des moutons
dans les nuages solitaires du ciel,
là où la nuit sombre dans les herbes,
là où l’horizon engloutit le pays.
soit tu étais absente
soit tu devais te chercher,
blanche-insoumise, blanche-malcontente,
les cimes, paris, province,
quelle était ton plus beau pays ?
tu as caché le miroir
tu t’es ennuyée à ton gré
dans le cercueil bondé de solitude
rebelle au bois dormant sans détresse
non, tu tutoyais la solitude,
colt à la ceinture contre les importuns
tu as tricoté le temps avec des aiguilles de pin
et des chaussettes consolantes
tu as appris à écrire aux libellules,
emballé et offert le vent,
les plus beaux cadeaux de tout le pays.
princesse insurgée
enfermée dans ton chaos-fort,
le désordre était ta révolution
contre la monarchie de l’ordinaire,
le sous-bois était ton code postal.
et lorsque s’est ramené un prince à cheval
avec un p comme prêtre, vital et top,
ton alphabet a repris à j.
tu t’es tant dispersée en lui
tu voulais tant respirer son manteau,
te fondre dans sa barbe
j comme joseph, comme je-suis-à-quelqu’un,
emmiellée, ensucrée, ensuquée
tu le savais : souvent on n’a pas besoin
d’un même homme pour une même chose, mais
les détails sont toujours insidieux.
ratée, l’élection à miss méfiançailles,
gagné, un autre dési-ordre,
hans trahi, tu as admis l’intrus
tu as sauté le pas et l’a connu
sur la mousse, manteau vert inconnu,
tu t’es éparpillée, enracinée, suspendue entre-deux,
femme conserve de la hâte
tu lègues tes notes éparses au vent,
tes trouvailles demeurent.

Simone Lappert
widerstehwittchen
(Audioformat)

hast dich gestapelt und gehäuft,
geeckt und gekantet gegen die verordnung
von hausfraulichkeit, verzwangsaliert
ins wimmelbild der ehe. hattest hunger
nach wald, hunger wie zwölf wölfe,
nach sumsenden gräsern,
abseits vom rudel. schönschafe
waren dir die einsamsten wolken,
dort, wo die nacht in den gräsern versank,
wo heimat im horizont versickerte.
entweder warst du abwesend
oder du musstest dich suchen,
stehwittchen, wehwittchen,
brünig, pilatus, paris,
welches war dir das schönste land?
hast das spieglein versteckt,
dich nach gutdünken verlangweilt
im bäumigen sarg aus einsamkeit,
kein schlafwittchen zum gerettet werden,
nein, du warst mit der stille per du,
trugst gegen unwesen eine browning am gürtel,
hast dir mit tannennadeln zeit gestrickt
und warme socken zum trost,
hast die schönschrift der libellen gelernt,
den wind verpackt und verschenkt,
die schönsten geschenke im ganzen land;
prinzessin widerstehwittchen
im brüniger chaosschloss,
unordnung war deine revolution
gegen die monarchie des gewöhnlichen,
unterholz deine postleitzahl.
und als ein prinz geritten kam,
mit p wie pfarrer, ein vitaler kopp,
begann dein alphabet noch einmal bei j.
hast dich mit ihm so schön verzettelt,
mochtest seinen mantel so gern riechen,
dich verkriechen in seinem bart,
j wie joseph, wie jemandsland,
voll wonnehonig und entzückenzucker.
du wusstest: oft braucht man nicht
denselben mann für dasselbe. aber
einzelheiten sind immer gemein.
verloren zwar die wahl zur miss-trau ring,
gewonnen ein bisschen umordnung,
du nahmst den güsel in kauf,
hast dich hinweggetraut über hans,
ins moos, den fremden grünen mantel,
hast dich verstreut und verwurzelt,
am hang zwischen den dingen,
bewahrfrau der unrast,
dein vermächtnis zettelt weiter
und deine findungen bleib.