Pierre Koralnik, <em>Un étranger au village</em>, 1962. Avec James Baldwin Musique: Henri Chaix Film, durée: 28 min © RTS Radio Télévision Suisse

Un étranger au village : Le racisme au miroir de James Baldwin

Avec Nayansaku Mufwankolo & Céline Eidenbenz 

sam 14 sept 2024 18:00
Entrée libre60'
Cité internationale des arts

18 Rue de l’Hôtel de ville
75004 Paris

La rencontre fait partie de la journée Re-tisser à la Cité internationale des arts dans le cadre des Traversées du Marais et du Festival de la Francophonie. Programme complet de la journée +

Au début des années 1950, l’écrivain américain James Baldwin (New York 1924–1987 Saint-Paul-de-Vence) quitte Paris pour séjourner quelques mois dans un village alpin en Suisse. Il y achève son premier roman La Conversion, qui le rendra célèbre dans le monde entier. Or il y est accueilli par les habitant.es.x avec ‘étonnement, curiosité, amusement et indignation’. Pour reprendre ses mots, il est traité comme une ‘curiosité vivante’, mais surtout comme ‘un n****’.

Ces réactions lui rappellent que les personnes afrodescendant.es.x peuvent encore être injustement traité.es.x comme des découvertes. Cela le renvoie à l’histoire violente de ses ancêtres africain.es.x, déporté.es.x à travers l’Atlantique pour être esclavagisé.es.x pendant plusieurs siècles. L’artiste et intellectuel afro-américain et homosexuel devient ainsi un ‘étranger’ à plusieurs titres. C’est cette expérience de racisme ordinaire qu’il analyse dans son essai Stranger in the Village (Un étranger au village) publié en 1953 dans Harper’s Magazine. Quelques années plus tard, son texte est adapté dans un format cinématographique par le réalisateur Pierre Koralnik (*1937). James Baldwin y joue son propre rôle en français – langue qu’il maîtrisera parfaitement à la fin de sa vie pour avoir vécu en France durant plus de vingt ans.

Aujourd’hui, les mots de Baldwin résonnent toujours, et ils continuent d’inspirer de nombreu.ses.x artistes. Encore brûlants d’actualité, ils tendent un miroir à notre société en appelant à une prise de conscience des relations de pouvoir, des préjugés discriminatoires et de leurs effets destructeurs sur les personnes défavorablement racisé.es.x.

Après la projection du film de Pierre Koralnik avec James Baldwin comme acteur (30’), une discussion aura lieu entre Nayansaku Mufwankolo (artiste, chercheurx, maîtrex d’enseignement en Cultural Studies et Critical Theory et déléguéx à l’inclusivité à la Haute école d’art et de design de Genève) et Céline Eidenbenz (conservatrice et responsable des programmes à l’Aargauer Kunsthaus où elle a été commissaire de l’exposition Stranger in the Village. Le racisme au miroir de James Baldwin en 2023-24) sur les déséquilibres engendrés par le racisme structurel dans le monde des arts visuels.

éléments biographiques

Nayansaku Mufwankolo est maîtrex d’enseignement en Cultural Studies et Critical Theory, et déléguéx à l’inclusivité à la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD-Genève, HES-SO), spécialiste en inclusion ainsi qu’artiste chercheurx. À travers la poésie, sa recherche est double et se concentre d’une part, sur l’auto-fiction afro-cosmique qui se déploie à travers une méthodologie décoloniale alliant astrophysique et physique quantique, et d’autre part, sur les processus historiques de mise en fiction des structures de pouvoir. Mufwankolo a écrit l’article Cerbère au musée: un manifeste pour l’inclusivité professionnelle et artistique des personnes Noir·x·es dans la publication Stranger in the Village. Le racisme au miroir de James Baldwin, Zurich, Scheidegger & Spiess, cat. expo Aargauer Kunsthaus, 2024 (Céline Eidenbenz, éd.)

Céline Eidenbenz est conservatrice et responsable des programmes à l’Aargauer Kunsthaus, où elle a été commissaire de l’exposition Stranger in the Village. Le racisme au miroir de James Baldwin (2023-24) en dialogue avec un comité consultatif. De 2013 à 2021, elle a dirigé le Musée d’art du Valais, signant plusieurs expositions temporaires et des présentations de collections. En tant que commissaire du Salon Suisse à la Biennale de Venise 2019, elle a travaillé avec des artistes internationaux. Elle a obtenu son doctorat en 2011 à l’Université de Genève après avoir enseigné l’histoire de l’art à l’Université de Lausanne (2007–2015). Elle a transformé ce travail pour l’exposition Hystériques ! au Musée Félicien Rops à Namur, en Belgique.

Stranger in the Village. Le racisme au miroir de James Baldwin, Céline Eidenbenz (éd.), Zurich, Scheidegger & Spiess, cat. expo Aargauer Kunsthaus, 2024. À l’occasion de l’exposition et du centenaire de la naissance de James Baldwin (1924–1987), une publication bilingue est publiée. Outre de nombreuses illustrations des oeuvres, le catalogue contient une réimpression du texte Stranger in the Village en anglais ainsi qu’un glossaire antiraciste et une bande dessinée signée par l’illustratrice Melanie Grauer. La publication est également complétée par un entretien entre l’artiste Sasha Huber et Céline Eidenbenz ainsi que par des contributions de Rich Blint (chercheur, écrivain et curateur, New York), Bill Kouélany (artiste et écrivain, Brazzaville, Congo), Nayansaku Mufwankolo (déléguéx à l’inclusivité et maîtrex d’enseignement HES, HEAD, Genève) et Henri-Michel Yéré (historien et poète, Université de Bâle).

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sam 14 sept 2024 18:00
Entrée libre60'