Denis Maillefer, “Je suis le mari de ***” / Photo : Pascal Gravat

Denis Maillefer

Je suis le mari de *** d’après Antoine Jaccoud

Ce texte est une oeuvre de fiction et de fantaisie pures, qui ne repose en rien sur un travail de documentation ou d'investigation.​

Et il ne faut pas oublier, non plus, que Lolo aussi, elle en a fait des sacrifices, hein, si on y pense, elle a eu du courage, elle aussi, chapeau ! Toutes ces opérations, tout ce que ça lui a coûté, tout ce travail si on veut parce que c'était comme une sorte de travail, si on veut, comme un long chemin, comme un pianiste qui a travaillé des années avant de jouer sur une scène, ou un danseur qui a persévéré, qui ne s'est pas découragé et qui danse maintenant un peu partout dans le monde, comme le ballet Béjart, à Tokyo, à New York, à Paris, partout.. (extrait de "Je suis le mari de***" d'Antoine Jaccoud)

André Borlat est un petit homme sans âge qui vit d'une modeste rente puisqu'il a dû renoncer à son métier de boulanger pour cause d'allergie rédhibitoire à … la farine. Il passe ses journées à filmer les cortèges et à "s'astiquer un peu" lorsqu'il rentre chez lui et surtout à écrire des lettres à l'amour de sa vie, croisé au hasard sur le papier glacé d'un magazine spécialisé. Il finit par rencontrer sa belle, elle et ses seins, hypertrophiés par les implants mammaires, "comme deux enfants malades accrochés à son corps, des jumeaux dont il faut s'occuper en permanence avec beaucoup de délicatesse, les soulager d'être si gros et de ne pas pouvoir se déplacer tout seuls". De mari dévoué , l'ex-boulanger devient garde-malade, louvoyant sans cesse entre le désir et la compassion à l'égard de la trajectoire suicidaire d'une femme qui veut plaire à tout prix. "Je suis le mari de***" a été écrit en 1999, quelques mois avant la mort de Lolo Ferrari.