Mathis Altmann
Nouvelles résistances - Commissariat Stéphanie Moisdon
Invitée par Alain Guiraudie à concevoir avec lui une exposition au Musée Paul Dupuy pour Le Nouveau Printemps, la curatrice Stéphanie Moisdon a convié six artistes dont Mathis Altmann (suisse), Matthew Lutz-Kinoy, Lucie Stahl, Loucia Carlier, Julien Perez et Renaud Jerez.
Elle est partie de sa vision au bord des mondes et des temporalités, et cette façon si particulière de créer dans le langage des zones troubles, qui font appel à l’anarchie du réel, à celle des rêves, des fantasmes, des légendes, avec autant de noirceur, de joie que de drôlerie. Elle a regardé tout près de moi, celles et ceux qui me semblent agir dans la pensée et dans la forme à produire des choses intermédiaires, des paysages indécidables. Avec l’espoir de faire de ce groupe d’artistes, qui bien souvent se regardent ou se croisent, une sorte de mouvement radical éphémère, l’image précaire et diffractée d’une communauté sans communauté.
La scénographie de l’exposition est conçue comme une partition sonore par l’artiste et musicien Julien Perez (né en 1986), dont les compositions jouent avec les codes de la pop, du surréalisme et du fantastique. Les sculptures de Mathis Altmann (né en 1987) sont autant d’assemblages d’éléments visuels et sonores, de textures, déchets, qui renvoient aux sensations d’exacerbation ou d’épuisement du capitalisme tardif. Les paysages hybrides de Loucia Carlier (née en 1992), bas-reliefs bricolés, sortes de maquettes ou d’empruntes, témoignent d’une vision affectée, dystopique, étrange et parodique. Entre les sculptures et peintures ultra colorées de Renaud Jerez (Né en 1982) se jouent des effets de dégradation, d’accumulation, de saturation et de satire. Entre la peinture, la performance et la céramique, Matthew Lutz-Kinoy (né en 1984), crée un univers en permanente transformation, où coexistent différents modes de production, d’expériences, des récits d’émancipation. Les sculptures photographiques de Lucie Stahl (née en 1977) se manifestent comme des scanners devenus fous, qui encoderaient à peu près tout, sujets et objets d’un devenir machine du monde.
éléments biographiques
Mathis Altmaan
Né en 1987 à Munich, Mathis Altmann vit et travaille en Suisse. Sa pratique se déploie dans le champ de la sculpture. Elle est étroitement liée aux nouveaux médias, notamment aux technologies vidéo et réside dans la création d’assemblages et de collages complexes et stratifiés. Réputé pour sa capacité à créer des scénarios riches en contrastes, il fusionne des biens de consommation, des objets quotidiens, des déchets et des matériaux de construction dans des compositions qui incitent à la réflexion. Il évolue autour de questions liées au travail créatif, à la vie quotidienne urbaine et à la lutte permanente pour l’authenticité et la résistance. Le travail d’Altmann capture le zeitgeist de sa génération, démêlant les complexités de leurs expériences et de leurs identités face à la mondialisation et à son accélération continue. Son travail fait régulièrement l’objet d’expositions personnelles (Centre d’Art Pasquart, Biel/Bienne (2023), Fitzpatrick Gallery, Paris (2022), Kunstmuseum Winterthur (2021), Efremidis, Berlin (2021)) et collectives Centre D’art Contemporain, Genève (2022), Westfälischer Kunstverein, Münster (2021) et au Centre Culturel Suisse, Paris (2020).
Stéphanie Moisdon
Critique d’art et commissaire d’exposition, Stéphanie Moisdon (1967) est co-directrice du Consortium, centre d’art contemporain de Dijon et professeure à l’École supérieure d’art et de design de Lausanne (ECAL). Cofondatrice avec Éric Troncy du magazine Frog, elle écrit régulièrement dans Beaux Arts Magazine, Artforum, art press ou Purple. Elle a organisé de nombreuses expositions dont récemment « Heimo Zobernig » à la galerie Chantal Crousel (2023), « 1984 ‒ 1997 ». « La décennie » avec Dominique Gonzalez Foerster au Centre Pompidou Metz (2015 ‒ 2016), « Sturtevant Sturtevant » au MADRE de Naples (2016) etc. Depuis 2006, elle dirige une école alternative et itinérante, « L’École de Stéphanie », qui s’est associée à différentes institutions artistiques. Elle est l’auteure de plusieurs monographies, parmi lesquelles Matthew Lutz-Kinoy, Jean-Luc Verna, Les Roches Noires (2014), Dominique Gonzalez-Foerster (2002), ainsi que Stéphanie Moisdon, anthologie de ses propres textes critiques (2007).