Tarik Hayward
Resolutions: zero. Hopes: zero.
Tarik Hayward (1979, vit dans la Vallée de Joux) aime jouer avec les limites, les habitudes, les (im-)possibles. Le plus souvent, il réalise lui-même toutes les étapes de la fabrication d’une oeuvre, et il pratique de nombreux recyclages de matériaux. Son exposition au CCS est composée de deux oeuvres spécifiquement conçues pour les lieux, une intervention dans la cour, Resolutions: zero. Hopes: zero., une sculpture dans la pièce sur cour, Niveau de sécurité, ainsi que d’un livre d’artiste, Indian Inkjet, présenté à l’accueil.
Resolutions: zero. Hopes: zero., 2018 (750 x 450 x 200 cm)
Bois de récupération, plaques d’imprimerie
La cour est occupée par une grande structure en bois de récupération, recouverte sur un côté de plaques d’imprimerie offset usagées, en aluminium, préalablement ondulées à l’aide d’une presse manuelle fabriquée par l’artiste, puis apposées à la manière des tavillons. Cette technique s’inspire des bardages métalliques traditionnels du Jura franco-suisse, destinés à imperméabiliser les façades exposées aux intempéries d’un bâtiment. Les plaques, récupérées à l’imprimerie de la Vallée de Joux, ont principalement servi à imprimer l’hebdomadaire régional, la Feuille d’Avis.
Le titre de l’oeuvre, Resolutions: zero. Hopes: zero., est tiré de la réponse de Samuel Beckett à une question que le Times avait posée à des écrivains le jour de l’an 1984, envoyée depuis sa maison de Ussy-sur-Marne, autour de laquelle il avait construit un mur de parpaings pour se protéger des indiscrets, et ainsi se couper du paysage, bloquer l’horizon et annihiler une partie du ciel.
Tarik Hayward met donc en tension des liens potentiels entre l’invention de Gutenberg, qui a permis la diffusion de l’information et du savoir à grande échelle, et des murs érigés ça et là dans le monde, tant hier qu’aujourd’hui, pour séparer des terres et des peuples.
Niveau de sécurité, 2018 (200 x 160 x 6 cm)
Matériaux composites
Cette oeuvre d’aspect minimaliste prend la forme d’une vitre pare-balles, posée à même le sol. Afin de répondre à la norme UL 752 (OTAN, pour un usage militaire, résistance aux fusils d’assaut et petites explosions), le verre a une épaisseur de 6 cm. Il a été entièrement réalisé par l’artiste, en plusieurs couches d’épaisseurs différentes, alternant PMMA, polycarbonate, résine et verre. La fabrication artisanale est volontairement visible, notamment avec des bulles et différentes marques laissées par les colles et résines, entre les couches. Ce type de verre est de plus en plus utilisé comme élément de protection dans divers contextes, il entourera d’ailleurs bientôt le bas de la tour Eiffel. Il a une face défensive qui stoppe les projectiles, et une autre qui les laisse passer. Tarik Hayward a choisi de placer la face défensive contre le sol.
Indian Inkjet, 2018
Livre d’artiste
Dans la Vallée de Joux, Tarik Hayward transforme sa maison. Pendant les travaux, il a cassé tout ce qu’il a pu à l’intérieur, et a scanné chaque fragment de la maison sur un scanner A3. Il a ensuite imprimé chaque image avec des imprimantes jet d’encre arrivée à leur stade d’obsolescence programmée, qu’il a reprogrammées. Chaque impression est différente, donc chaque exemplaire du livre est unique.
L'exposition bénéficie du soutien des fondations Paul-Edouard Piguet, Ernst & Olga Gubler-Hablützel et Anne-Marie Schindler.
En partenariat avec Libération et Slash