Anne-Marie Jacottet-Haesler
Inventaire d’une campagne fruitée
Anne-Marie Jaccottet-Haesler se consacre à la transmission d'une vision picturale qui se veut hors du temps et des modes pour être au plus proche de l'humain bien qu'il en soit absent. Ses paysages et natures mortes semblent constituer un dialogue silencieux avec l'œuvre d'écrivain de Philippe Jaccottet ; ils ont en commun une aspiration pour l'harmonie, un goût pour le silence et l'éloignement des turbulences de la vie. Dans l'exposition, ce dialogue entre les deux oeuvres sera sensible à travers des extraits de poèmes et proses de Philippe Jaccottet mis en relation avec les dessins, aquarelles et pastels d'Anne-Marie Jaccottet-Haesler. Les pinceaux pour l'une, les mots pour l'autre. Un monde en soi, où transparaît l'enchantement du spectacle des saisons et de leurs fruits éphémères, d'un souffle de vie. Anne-Marie Jaccottet-Haesler voyage en restant immobile face au même horizon mais toujours renouvelé, elle a ses pensées pour guide, et la nature pour base de cette harmonie recherchée. La parole est absente car il suffit des couleurs ou du trait pour raconter un monde, un monde oublié où l'homme retrouverait sa justification d'être vivant, réceptif aux petits bonheurs des choses banales. « Peinture. Cette succession d'actes désespérés qui renforcent la beauté de ce qui escorte notre passage en ce monde. Actes désespérés qui sont pourtant une des plus belles justifications de ce passage. Le seul refuge, ici et là, dans cette montée tragique. Le seul apaisement peut-être. » (Pierre-Albert Jourdan in En pensant aux peintures d'Anne-Marie Jaccottet). Apaisement de nos luttes intestines par l'observation, et en cela, s'accorder au monde. Les natures mortes aux fruits ou aux fleurs d'Anne-Marie Jaccottet-Haesler sont à son image : joyeuses mais discrètes, simples cependant que profondes, légères tout en étant au plus proche de l'essentiel. Une évolution dans son utilisation de l'aquarelle est notable : peu à peu, elle pose cette matière fluide et aérienne par touches, comme la peinture à l'huile, et non en fondus, procurant ainsi à ses oeuvres une plus grande densité.