Sabisha Friedberg / Photo : D.R.

Sabisha Friedberg et Moritz Müllenbach

The torch press

En partant de la construction du texte Etidorpha, fable écrite à la fin du XIXe siècle, Sabisha Friedberg et Moritz Müllenbach ont conçu une pièce en huit mouvements se rapportant aux diverses situations mentionnées dans le texte. L’histoire, qui est contestée, est celle d’un homme qui est enlevé puis transporté dans les profondeurs de la terre pour avoir dévoilé les secrets d’une doctrine ésotérique. Le livre se réclame de l’autorité de trois sources, dont aucune n’assume son écriture. La première serait un guide anonyme qui déclare avoir fait partie d’une société secrète, la seconde un certain Llwellyn Drury, destinataire et transcripteur du manuscrit, et la dernière JohnUri Llloyd, un savant qui aurait hérité de cette transcription environ trente ans plus tard. Le guide, désigné comme "I-Am-The-Man" explique les différents aspects de cet autre monde, opposés aux lois naturelles qui gouvernent notre terre. Bien que la plupart de ces théories restent perçues comme une pseudoscience, certains de ces principes ont toutefois été reconnus par les découvertes des théories de la physique au siècle suivant. Les phases successives du conte sont décrites d’une telle façon que nous assistons à un renversement constant : les situations et les phénomènes rencontrés sont à chaque fois perçus comme quelque chose d’autre. Bien qu’il s’agisse du récit d’une descente dans les ténèbres, la densité et la matière en furie, les profondeurs terrestres se révèlent de vastes étendues baignées d’un éclat étincelant. Le ton inquiétant qui présidait à l’enlèvement laisse place à un rite d’initiation enjoué et mouvementé. Les lois naturelles sont défiées tout au long du récit, et, là où nous devrions trouver les forces de la gravitation en mouvement, la légèreté règne. Les deux mondes, la surface terrestre et les abysses, sont gouvernés par des forces opposées mais qui existent en parallèle. Le temps dans lequel de nombreux événements se produisent de façon cyclique est en constante fluctuation : les faits qui semblent durer quelques secondes sont perçus par le narrateur comme s’éternisant à l’infini. Cette explication à la fois ludique et sérieuse des lois de l’attraction, de la temporalité et de l’acoustique apporte une curieuse atmosphère à Etidorpha, et sert de base à l’interprétation sonore présentée ici.
 
PROGRAMME
I. Vitalized Darkness (Les ténèbres s’animent)
II. A Certain Point Within a Circle (Un certain point à l’intérieur d’un cercle)
III. Matte ris Retarded Motion (La Matière est un mouvement retardé)
IV. My Weight Disappearing (Je suis en état d’apesanteur)
V. Figure 13
VI. A Precipitous Bluff (Au pied du précipice)
VII. The Story Again Interrupted (L’histoire à nouveau interrompue)
VIII. Coda

SABISHA FRIEDBERG : voix, musique concrète, film optical sonore 16mm
MORITZ MÜLLENBACH : violoncelle, entres autres