Samir et les écrans de Babylone

Samir et les écrans de Babylone

Samir, né à Bagdad, réalisateur et producteur engagé du cinéma suisse, est invité à Paris pour présenter ses films et ceux produits par Dschoint Ventschr, « fabrique de talents » qu'il dirige à Zurich avec Werner Schweizer. Découverte de quinze réalisateurs en vingt films (documentaires ou fictions) qui renouvellent la manière de voir l'histoire, la société et les enjeux d'aujourd'hui.

«Moi-même fils d'immigrés irakiens en Suisse, je m'intéresse depuis des années, comme cinéaste, aux questions d'aliénation et de quête d'identité.» Samir, avec ses deux casquettes de réalisateur engagé et de producteur rassembleur de jeunes talents souvent issus comme lui de l'immigration, a insufflé en Suisse une dynamique productive, on peut même dire artistique, autour de la question du brassage culturel. Une question abordée avec un regard neuf, inventif, qui a su alerter le public et glaner les récompenses. Car Samir se passionne également pour les nouvelles images et leurs langages encore à expérimenter. Est-ce à la suite de ses nombreuses installations vidéos et d'un compagnonnage avec des artistes comme Pipilotti Rist ? Est-ce dû à son regard de graphiste aiguisé par son premier métier de typographe ? Samir imprime à ses films de fiction ou à ses documentaires un style personnel en jouant du collage, de la surimpression, de la citation. Avec humour et passion. Un regard kaléïdoscopique posé sur l'autre, comme dans Babylon 2, où il passe au travers de son prisme une série de jeunes musiciens d'origine étrangère qui font bouger les quatre coins de l'Helvétie ; comme dans Projecziuns Tibetanas, où Samir entre dans le monde d'une famille tibétaine réfugiée depuis 35 ans dans les Alpes grisonnes. Dschoint Ventschr est à l'origine un collectif d'artistes, fondé en 1986 dans le sillage d'une prise de conscience politique des vidéastes zurichois. La société de production se restructure en 1994 et nomme à sa tête deux directeurs : Samir et le réalisateur Werner Schweizer (à découvrir, son documentaire long métrage sur le mystère Noël Field, un citoyen américain accusé d'espionnage en Hongrie dans les années cinquante et curieusement resté dans ce pays après sa libération). Tout en continuant à produire les réalisateurs maison déjà « établis », Dschoint Ventschr soutient activement l'émergence de jeunes réalisateurs. Pari réussi au vu des nombreuses distinctions récoltées en Suisse et à l'étranger. Un regard fertile à la croisée des cultures, que le CCS est heureux de présenter à travers cette programmation.

Samir et les écrans de Babylone

Samir et les écrans de Babylone

— © Centre culturel suisse. On Tour