Johannes Gachnang, “Byzance après Byzance”, 1968

Johannes Gachnang

Le chaos dans la géométrie

Surtout connu sur la scène européenne de l’art contemporain pour ses activités de passeur engagé, l’ancien directeur de la Kunsthalle de Berne expose son travail de graveur. Commissariat d'Héléna Bastais.

Notre exposition met en évidence l’évolution de son travail de graveur, qui passe d’une forme très architecturale et influencée par les villes dans lesquelles Gachnang a résidé (Paris 60-63, Berlin 63-67, Istanbul 67-68, Rome 68-70 et Amsterdam 71-74), vers une plus grande simplification de la forme et après une phase de saturation de l’espace graphique. Il est intéressant de constater à quel point son œuvre introduit le chaos au sein de la géométrie. Sa conception de la gravure est celle d’un monde en réduction dans lequel l’idée de la construction revêt une grande importance : ses gravures sont autant de fenêtres ouvertes sur un univers de signes et de combinaisons, mais dominé par un ordre précis et une orientation. Concentrées et d’un équilibre extrême au départ, elles s’écartent peu à peu de cette aspiration à la représentation d’un espace architectural. Gachnang s’amuse même à distordre la perspective pour atteindre à une réduction maximale de l’effet visuel  Pour finir, son interrogation sur la force d’expression du signe unique se concrétise dans sa série des Exercices de style I-VI.
La lenteur du geste du graveur contraste avec la vitesse de notre quotidien. Elle correspond cependant à l’effort qui est demandé au spectateur au cours de son observation. L’incroyable maîtrise de Gachnang lui permet de varier à l’infini les passages du noir le plus profond vers le blanc du papier. La multiplicité des teintes obtenues, ainsi que les jeux rythmiques des traits gravés, se combinent comme un vocabulaire voire comme un alphabet et sans oublier l’humour de Johannes Gachnang, qui aime insérer dans ses gravures un élément venant perturber le sérieux apparent.
Cet artiste au parcours atypique et qui a relativement peu exposé renouvelle le genre traditionnel de  la gravure. De passeur engagé, il redevient, le temps d’une exposition, celui qui est regardé : exposeur exposé, il retrouve ainsi à Paris le lieu de ses premières passions. Texte : Héléna Bastais

C’est une face confidentielle et secrète de la personnalité de Johannes Gachnang que le CCS met en lumière : son œuvre de graveur. Avec un éclairage succinct sur ses autres domaines d’activité : édition d’art, critique, conception d’expositions. À découvrir dans la petite salle Jean-Jacques Rousseau.

Lors du vernissage, le 15 septembre à 18h30, Jean-Baptiste Joly, directeur de l’Akademie Schloss Solitude à Stuttgart, présente Gachnang : le commissaire d’expositions, le critique d’art, l’éditeur, le professeur et le graveur. Quant à Irène Aebi et Steve Lacy, ils nous offrent le plaisir d’improviser sur des partitions dédiées à des artistes contemporains.

(Retrouvez plus d'informations en p.4 de la brochure ci-dessous.)